Abdullah...

Abdullah en plein travail!


Abdullah, c'est l'artisan du linge de maison. Marié, papa de deux enfants, bientôt trois, comme il aime à le préciser. Un garçon, une fille...et une surprise. Il est issue d'une famille qui vit du textile depuis des générations. Il aime me répéter que dans sa famille, du nord de l'Afrique, presque tout le monde coud ou a un rapport avec le textile. Même sa petite belle-soeur coud des vêtements. Il en est fière et je raffole de ses histoires. Il sait aussi faire du garnissage: "Ah, oui, il faut toujours apprendre" me dit-il. Abdullah a commencé sa carrière au Maroc, c'est neuvième année qu'il travail pour un atelier qui confectionne du linge de maison pour des hôtels, des restaurants et des décorateurs. A la demande de l'un d'eux, il a réalisé quatre coussins à 500€ pièces; soie double, galon à 50€ le mètre, intérieur en duvet d'oie, le prix de ces matières d'exception additionné au savoir faire de l'artisan....Nous avons observés ces merveilles durant deux jours. Pas du tout mon créneau mais j'admire la qualité et le travail.
Il comprend mon stress et quand je suis dépassée, il m'aide à chercher des solutions, pour un raccord, une finition, des petits trucs pour que je puisse économiser. Il aime aussi m'assurer qu'avec lui, mes créations sont protégées. Vous savez, nous vivons dans un monde où des gens sont payés pour faire le tour du monde, non pour créer, mais pour copier ce que font les autres. La crise à fait tomber pas mal de barrières et il arrive, et bien, qu'un fabricant reproduise ou vende les créations de ses clients. C'est dur, et je suis aussi stressée parce qu'au Congo, et en Afrique centrale en générale, la propriété intellectuelle étant inexistante, les gens trouvent normal de reproduire, pas copier, non ils reproduisent, c'est comme ça. Il me reste le savoir faire d'Abdullah, son soucis du raccord, de la coupe à l'endroit où le motif est idéal:
 "Regarde Rosy, là, le dessin est bien, où à cet endroit là, aussi, mais ça dépend de la couleur que tu veux faire ressortir..."


Dans les moments de grands doutes, je repense à lui et me dit que si il existe des gens qui aiment leur travail à ce point, il doit bien en exister qui apprécient ce type de travail? J'ai eu une conversation avec un ami qui me disant que je suis trop chère, etc. Le soucis, c'est que pas tant que ça! Les gens se sont habitués à sous-payer pour tout donc ils n'ont plus aucune notions du coût des choses.
En parlant d'étiquette...voici celle des pièces réalisées à Bruxelles. Pour vous, ce n'est sûrement qu'une étiquette, pour moi, c'est émouvant. Ça représente plein de choses. Pour en revenir au propos plus haut, mon ami a poursuivi son argumentation par: "Pourquoi devrais-je payer ce prix, parce que c'est toi?" Vous voyez? Pas mal de gens ne payent pas un travail, une qualité, ils payent une image, un styliste, une vie dont ils rêvent? même si la pièce est...bof niveau qualité?!

 gros plan sur l'étiquette
Bon, j'exagère avec cette étiquette, mais accordez-moi cette dernière petite fantaisie, puis j'arrête!
Donc, je reprends, je ne comprends pas ce que veulent les gens, consommer? S'identifier? Avoir l'air? Affirmer une identité? Un peu de tout ça à la fois? Je ne suis plus trop. Ce que je sais faire, c'est un beau travail, une qualité, de belles matières, une certaine exclusivité. J'ai encore beaucoup à apprendre sur le marketing. Je n'ai pas choisi la voie la plus simple, j'arrive au moment où il y a trop de tout, où les gens ont trop d'objets, où il y a trop de choix, trop de marques, trop de copies et tout cela très rapidement.


Moi, je souris en pensant qu'il n'y aura jamais trop d'Abdullah, trop d'Alpha, des artisans aimant leur travail, cherchant à s'améliorer, et ayant toujours le goût de bien faire. C'est chouette de les voir tout content quand une pièce est belle, de les entendre me demander de ne pas oublier de leur donner des photos. Nous nous encourageons car à Bruxelles on entend parler de faillites et de bruits de faillites, à Kinshasa, les gens ne jurent que par "l'importé". Mais nous croyons qu'il existe un créneau pour la jolie qualité au prix juste. Pas hors de prix, le prix juste. Nous ne sommes pas certaines grandes et belles marques, mais nous ne sommes pas non plus certaines chaînes qui produisent loin et beaucoup. Les uns et les autres ont leurs avantages et leur part de rêve, nous cherchons à mettre en avant les notre dans notre petit créneau!

Set de table Mimosa
La maison Noël à Paris...fleuron du "blanc" les pièces sont brodées main ou machine avec beaucoup d'amour et de savoir faire. Batiste de lin, organdi, les matières sont choisies avec soin, le travail plus que soigné. Le prix est élevé? Oui et non, oui parce que c'est celui de pièces qui après avoir été léguées, se retrouvent un jour chez des antiquaires et autres brocanteurs. Non, parce que  c'est le prix auxquels sont vendus des pièces de bien moins belle facture, mais qui présentent une image forte. Tout dépend de ce que l'on achète et de ses moyens bien sur, mais le rêve, lui, est encore gratuit. Rien n'empêche de regarder et se faire son idée. Voilà, c'est dit, nous n'en reparlerons plus, je crois. C'est le choix de chacun, à chacun donc d'aller vers ce qui lui correspond, par goût, par amour, par conscience, par rêve. Le monde est assez grand pour tous. Enfin, je l'espère...

Commentaires

  1. C'est super de mettre en avant un artisan et la passion qui vous lie.

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  2. C'est assez évident car nous travaillons beaucoup ensemble et il y a une influence certaine.

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